lundi 13 octobre 2008

La Julienne Chêvremont

par Philippe Labarbe

Du pur plaisir !
71 kilomètres de pur plaisir !
Solitaire et partagé !

Je m'explique : dimanche 28 septembre, « La Belgique à Vélo » organise sa dernière sortie de l'année. C'est une « petite » balade d'une cinquantaine de kilomètres. Le rendez‑vous est à neuf heures et demie face aux Halles des Foires de Coronmeuse. Comme j'habite dans le quartier du Bois de l'Abbaye de Seraing, je quitte la maison vers huit heures dix.
Il fait frisquet, mais la météo est au sec. Comme souvent, je commence ma balade par une sacrée descente.


En solitaire

À cette heure matinale (pour un dimanche) il n'y quasi pas de voitures sur la route. La pente du Boulevard Galilée va m'aider à (déjà) inscrire ma vitesse maximum de la journée : 52 km/hr... Gasp, je suis déjà passible d'une contravention pour excès de vitesse. Heureusement, la pente devient plus douce. La Bergerie, le Pairay, la Rue de l'Hôpital (malgré les travaux), la circulation étant plus que clairsemée, c'est sans entraves que j'arrive Rue de l'Acier, dans un décor typiquement sérésien, à la Frères Dardenne. Les usines ne connaissent pas le dimanche. Les camions transportent les coils, les cheminées crachent la fumée, la vallée vit. Mais me voici déjà au port de Renory. Une chance, il y des travaux qui bloquent le passage vers Liège; du coup, la route m'appartient, jusqu'au Quai Rivage-en-Pot, si agréable, avec ses surprenantes maisons et sa vue sur la Meuse et le quai de la rive gauche où déjà les voitures se pressent. Un passage un peu délicat par le pont de Fragnée, et je rejoins enfin le RAVeL. La traversée du Parc de la Boverie est un moment parfait. Une odeur d'automne accompagne ma solitude. Le soleil, déjà haut, frappe les façades des immeubles du Quai de Rome. L'air est doux, le silence est surprenant. Et pourtant nous sommes en ville. Le RAVeL traverse la ville et me permet de rejoindre Coronmeuse sans danger. Sans danger, voire, car il y a de plus en plus de promeneurs. Normal, c'est le jour du marché de la Batte. Il faut donc sérieusement ralentir et se signaler par de discrets coups de sonnette, suivis de remerciements pour les gens qui dégagent le passage. Ils sont de plus en plus nombreux, d'ailleurs, et il faut se méfier des lecteurs MP3 qui plongent leurs utilisateurs dans une bulle isolée de la réalité.
Pour passer sous le Pont de l'Atlas V, une amusante passerelle en boucle, et j'arrive à Coronmeuse. Évidemment, je suis une fois de plus parti trop tôt ! Pas de problème, j'aère mes vêtements fluo et passe une veste en polar. Pas le moment de s'enrhumer. Assis sous un arbre, je regarde le soleil monter sur Droixhe quand déjà arrivent les premiers cyclistes du groupe.

Entre amis

C'est moment des retrouvailles. Comment vas-tu depuis la dernière fois ? C'est aussi l'arrivée de nouveaux (j'en suis un moi-même, mais je peux déjà faire figure d'ancien vis-à-vis de ceux qui se présentent en cette fin d'année).

Au départ

Et voici le premier avantage de participer à ces balades : rouler seul, c'est agréable, mais c'est super aussi de rencontrer d'autres cyclistes. Il y a des gens très divers qui participent, c'est là une vraie richesse. Aujourd'hui le « petit-nouveau » est un Argentin, qui vit normalement en France, mais qui s'est installé à Liège il y a trois semaines. Encore des échanges passionnants en perspective !

Petit à petit tout le monde arrive. Pierre et Françoise sont là, nous ne serons donc pas perdus. Deux vélos couchés nous accompagnent. Il y en a de plus en plus. Je brûle d'essayer. J'apprends qu'ils seront en démonstration au 4e Salon du développement durable de Méry-Tilf 1, des 18 et 19 octobre. Cette fois presque tout le monde est à l'heure. (Je ne résiste pas à lancer une petite pique aux habitués du retard... Sur le site internet, il est pourtant demandé d'arriver au rendez-vous quinze minutes avant l'heure H, je me trompe ?).

Le canal Albert

Françoise sonne donc l'heure du départ. Et elle prend la tête du peloton, direction le nord par le RAVeL 1 : traversée du Port de Liège, un petit bout de chemin indigne à Wandre (c'est triste ce « trou » d'une centaine de mètres dans le RAVeL !).



Contournement d'Intradel, Chertal-Wandre, jusqu'au pont d'Argenteau où nous traversons le Canal Albert, puis la Meuse. Nous faisons un arrêt à la plaine de jeux de la Rue de la Borre à Hermalle-Sous-Argenteau. Puis nous commençons notre ascension vers la vallée de la Julienne. Nouveau regroupement et c'est là que Pierre nous apprend l'abandon des deux cyclistes couchés, l'un d'eux ayant fait une petite chute dans un virage rendu glissant par des gravillons. Tous mes voeux de rétablissement à la sympathique cycliste.

Les étangs de la Julienne

Il nous faut repartir, et nous passons par les étangs où les modélistes font régulièrement aller leurs modèles réduits de bateaux de toute sorte (mais aujourd'hui, il n'y a personne), puis nous remontons la vallée dans un sous-bois tellement enchanteur que personne ne remarque que l'on monte.

En remontant la Julienne

C'est dans cette vallée qu'un bon samaritain viendra au secours de l'un de nos estomacs. Nous sortons enfin des bois, et là commencent les choses sérieuses : le Thier Herkay nous attend !

La montée du thier Herkay

Mais tout le monde semble en grande forme, et, malgré la rudesse de la côte, le regroupement ne se fait pas attendre. Nous rejoignons alors la Route du Pays de Liège, qui nous mène en pente douce, et par-dessus l'autoroute de l'Allemagne, vers Saive et sa caserne. Mais Françoise ne suit pas bêtement la route principale; elle emprunte un petit « rallongis » qui passe à travers champs et nous ouvre de belles perspectives sur la campagne. Passé la caserne nous nous dirigeons vers Queue-du-Bois, mais là, nouvelle surprise, nous évitons la voie directe vers Fléron,

L'église de Fléron

ardue et trop fréquentée, et nous découvrons de nouvelles petites rues et chemins qui nous conduisent des plus agréablement sur le RAVeL de la ligne 38. Et en plus, nous avons de belles vues sur la vallée de la Meuse.

Le deuxième avantage du concept tient pour moi dans la remarquable habilité de nos guides (MERCI à Pierre, Françoise et Thierry, pour ceux qui m'ont déjà guidé) à concevoir des itinéraires qui combinent la beauté des paysages, la tranquillité et la sécurité du parcours, la facilité face à la pente (je n'en reviens pas encore d'avoir été aussi facilement d'Eupen à Monschau et retour, grâce à un itinéraire génial) et un kilométrage raisonnable pour permettre la participation de tous.

Et là, nouvelle surprise : un membre du groupe habite à Fléron et nous invite tous à venir prendre notre pique-nique dans son jardin. Le petit détour en valait réellement la peine. Nous serons reçus comme des princes, avec café et boissons fraîches de surcroit.

Joëlle, notre hôtesse

Le temps reste au beau fixe, tout comme notre moral. Mais il est déjà temps de nous remettre en selle.
Évidemment, toute médaille a son revers, et le détour, s'il était agréable, va occasionner quelques « frictions de Clausewitz » quand il s'agira de regagner la ligne 38. Mais un petit escalier (sic) plus tard nous apprécions ensemble le bonheur de la descente dans l'ombre des arbres qui bordent l'ancienne voie de chemin de fer. Nous quittons le RAVeL en direction de Romsée, et là, mais ce n'est plus une surprise, nous empruntons un itinéraire sinueux et inhabituel mais tout à fait tranquille et sans difficulté.

Chemin boccager à Chêvremont

Nous nous laissons glisser jusqu'à une petite côte qui viendra à point pour nous ralentir et permettre à Françoise de ramasser un portefeuille tombé sur la route. Et c'est l'arrivée à la Basilique de Chèvremont. C'est évidemment l'occasion d'un arrêt et d'échanges d'idées. Nous repartons alors vers la bien nommée Rue Haute Folie. À recommander aux amateurs, mais freins efficaces indispensables ;-)
Nous reprenons alors la ligne 38 mais dans l'autre sens !

La ligne 38

C'est l'occasion de vérifier la présence de bornes d'informations touristiques qui ne manquent pas d'intérêt. Une légère montée jusqu'au carrefour des Piedroux et nous filons vers Chênée.
Comme je rentre à Seraing, je quitte le groupe au confluent de la Vesdre et de l'Ourthe.

Troisième avantage : chacun garde sa liberté d'action.

Jean prend le bâteau
Jean qui n'en a pas eu assez a décider d'aller au centre de la mine à Grâce-Hollogne. En bateau !!!

J'espère revoir encore des amis cyclistes cette année, par exemple durant les balades « géologique » de Camille Ek. Sinon, j'attendrai le printemps avec impatience, et les nouvelles propositions de « La Belgique à Vélo ». Merci encore, (et déjà, par anticipation), à toutes les chevilles ouvrières de cette magnifique et généreuse organisation, et... à l'année prochaine.

Philippe Labarbe
Le 30 septembre 2008

Les photos sont de Françoise Klauner

Voir les photos de la ballade

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci à Philippe pour ce joli récit de notre belle journée !

Françoise

Velo hollandais a dit…

C'est un bel article et les photos se rendent compte dont vous l'avez passée très bien! Je meurs d'envie!